mercredi 7 novembre 2007

Exile Inside


Un journal posé sur la table

Une vilaine table faut bien dire

Un café dans une tasse blanche

Des titres et des taches noires

Dans ces taches y’a des larmes

Des cris des larmes et encore

Des cris surtout y’a une voix

Elle se distingue nettement


Il recule comme si la voix

Avait retenti pas plus loin

Que dans le salon un vilain

Salon faut bien dire quelques

Porcelaines et un éventail

Pas de quoi ouvrir une antiquité

Des milliers et des milliers

De kilomètres et voilà le travail


Une vie d’exil dans une vitrine

Limite miniature surtout y’a plus

Que les vieux pour considérer

La grande valeur des porcelaines

Les jeunes du quartier eux pensent

Qu’elles viennent de Pier Import

Rayons exotiques chinoiseries

A chaque fois c’est la même corrida


Ils ricanent : “Hé l’asiat’ ! T’as dévalisé

Monsieur Soldes ?” Sales petits cons

S’ils savaient qu’à leur âge j’étais

Déjà colonel un foutu colonel

Toujours au front toujours

Et sanguinaire et courageux

Mais tortionnaire aussi des fois

Fallait bien le dire un jour


La voix dans le salon a des

Accents insupportables elle

Est sortie du journal comme

Une victime à la page étrangère

Des attentats des arrestations

Comme autrefois des massacres

Ce visage jeune ce corps en uniforme

C’est lui c’est moi pense-t-il tout bas...