mercredi 31 mai 2023

Promis

 

 

L’obscurité ne prouve rien


Ni ce que nous sommes

Ni ce que l’on voudrait voir


Elle étale simplement son

Corps comme une offrande

Au désespoir


Sans qu’on aperçoive

Le bout de cette heure

Sa valeur entre nos mains


Bien trop occupé à aimer

A s’ignorer dans ce dessein


Silhouette au fusain

Qui se dessine sur un mur

Lancée dans la vie

Comme une ombre


Les yeux ouverts


À regarder ce qui

Sera forcément

Tiré de la lumière


Pour rejoindre

Ce qui nous est promis


mardi 30 mai 2023

Soir

 

Et d’obtenir cette
Impression d’existence,
Déliée, suspendue…
Où chaque seconde
Est la morsure d’une
Éternité. Interjections…
Jetées entre deux
Souffles, et de mots
En fusion sur nos
Visages…Qui se
Frôlent en syntaxe
Interdite

A suivre
Les passants, voir
Leurs attentes, des…
Frémissements. Et
Parfois s’en tenir,
Immobile, au doux
Balancement des arbres.

Parfois encore aux
Axes rigides assénés
Comme des coups.

Mais laissons la
Parole aux absences,
A l’ancre dans un port.

Puis d’une fenêtre voir
Les repères familiers
S’évanouir. 

Tel un « corps
semé corruptible ».


lundi 29 mai 2023

L’image

 

 

Il demeure hélas

Tous ces mauvais

Instincts qui

Retardent le retour

De l’humanité


Toutes les ombres

Séculaires qui nous

Parcourent


Et qui parfois nous

Détruisent


Il demeure hélas

Ce vague à l’âme

Que l’on hésite à

Cacher


Derrière un pâle sourire


Ce côté visible de

La mortalité que

L’on dépasse


Comme un chat

Endormi


Il demeure ainsi

La jeunesse éclatante

D’un rire qui écarte

Pour un instant

Les ténèbres


La blancheur très grave

D’un horizon trop beau

Pour nous sauver


Et ton corps alangui

Sur la banquette

Tes cheveux qui retombent

En pluie de lumière


Cette présence qui éteint

Nos douleurs immémoriales 


vendredi 26 mai 2023

La Peau Enracinée

 

 

On attrape toujours

Quelque chose


Le regard le plus doux

Comme le mal le plus mauvais


On attrape toujours

Un peu d’amour


Avant qu’il ne dépasse tout


On finit toujours

Par tout renverser


Et forcément tout regretter


Dans cette éternité de façade

Et tout ce qui nous entoure


Comme le soleil aveuglant

Qui nous rappelle le sang versé


Ta peau devenant si brune

En quelques heures à peine


Tu sais bien qu’elle me suit partout


Tellement enracinée

Que je m’y réchauffe toujours

Même en pensées


On se tient sur un fil


Épris d’un vide

Que l’on voudrait

Conjurer


Et forcément transcender


À nos cœurs mêlés

Aux heures blessées


Que l’on noie dans

L’eau des fleuves

Et des rivières


Celles qui séparent

Les villes et les âmes


On les rattrape toujours

Comme on rejoint les gares









jeudi 25 mai 2023

Rampe

 

 

Par un chemin

De rampe


Déversant

Des heurts

Et des corps


Que l’on emprunte

Pour ses couleurs

Inconnues


Et ses flots

Industriels


On s’éloigne

De la nuit autour


Pour avoir cru

Au soleil grandissant


À ce feu

Sur les toits

Qui s’étend

En splendeurs

D’étincelles


mercredi 24 mai 2023

Arraché

 

 

Comme on entre

Dans ce lieu et

Ses lueurs étranges


Son indécision

Qui annonce

La mort


Celle que l’on

Refuse


Que l’on écrit

Dans la lumière


Celle qui paraît

Au seuil du jour

Plus belle que jamais


Que l’on attrape

Du regard


Comme pour s’en

Convaincre


Ou la vaincre


Ce genre de riposte

Et de bonheur arraché


À cette rade

Irradiée


 

mardi 23 mai 2023

L'étendue

 


Nous sommes

Au cœur de

La foule


Ce brouillard en soi


Que l'on dissipe

Pour quelques mots


L'éclat certain

De nos corps


En tout lieu

Qui s'annonce


Dans un mouvement

Que l'on voudrait

Perpétuel


L'étendue de

Toute chose


Trace de cette vie

Qui court sur la peau


Qui nous laisse

Sur le flanc


Et nous relève




lundi 22 mai 2023

S'élancer

 

 

Tout au bord

De ces rives

Comme des

Lèvres


Comme on

Blasphème


Pour avoir

Perdu ce

Que l’on avait

De plus cher


Comme on

Blasphème


En voyant

Le jour presque

Éternel


Les bras étendus

Sur la baie vitrée

Coulissante


Tous ces morts

Qui s’agitent

Dans les yeux

Bleus de la rade


Comme on

Blasphème


En voulant crier


Après avoir

Juré contre

La détresse

Suprême


Et savoir

Qu’au bout

Du corridor

Je te vois


Et te revois

Encore :


Aux éclats dorés,

réduisant  l’absence

pour un temps,

ce temps un peu

choqué qui semble

dire, en boucle,

« quand reverrons-

nous ? », et cette

pensée ne cesse

de vouloir passer

sur l’autre rive…

Les faveurs illusoires

que l’on devine tout

en bas, et les vertiges

et les griseries…Comme

l’on craint de se voir,

sans pourtant

s'arrêter en chemin,

le retour impossible…

Sur un corps en trans-

humance…Qui

s'égare à traverser…



jeudi 18 mai 2023

Emporté

 

 

Un bout d’océan

Dans le reflet

D’une façade


Qui embrasse

Jusqu’au dernier

Souffle


Partout où

Coule le sang

De cette ville


De peur qu’elle

Ne meurt


Emporté

Par le vent


La lumière

Jusqu’à mourir


Alors que l’on marche

Entre les éclats

Et les rues étincelantes


Il n’est de mort

Qu’à l’ombre

De cet embrasement


mercredi 17 mai 2023

Camaïeu 

 

 

On entend

Le crépitement

De la pluie


Puis les paroles

Presque douces

D’une lumière

Mosaïque


Le regard décentré

Aux allures de

Résurrection


Cette lumière qui

Renonce aux drames


Surplombant ce

Fleuve qui nous

Illumine


Moins dangereux

Que le bonheur


Tout ce qui

Se cache

À l’horizon


Arrachant le

Bandeau des

Immeubles


Et le gris

Des pensées


mardi 16 mai 2023

Apparence

 

 

En réalité sans ré-
ponse à délivrer,
comme un soula-
gement. Ne plus
sentir l’espace d’
une seconde, ce
monde en souffrance.

Qui s’agite en soi. 

Des impulsions élec-
troniques pour aller
d’une excuse à ce
calme intérieur. 

Celui de la nuit,
tout en apparence
et courbes grises.

Entre les sujets que
l’on discerne, leur
âge d’or se vautrant,

et sans doute ce taux
aux limites. Il est écrit
que personne n’en
sort à l’aube. Sans
garder une part de
cendre, un goût d’
inachevé dans la
bouche.

 

lundi 15 mai 2023

Trop

 

 

Faire quelques signes

Ne pas paraître trop triste

Surpasser l’évènement

Trop ordinaire


Comme un cœur

Qui se déchire


Les yeux fixés

Sur le paysage

Qui se déploie

Presque trop majestueux


Pour s’imprimer

En une seule fois

Dans la conscience


Et cette élégance

Que l’on comprend

Après coup


J’en ai bien eu

De la peine


Trop de vie

Dans cette

Enveloppe

Charnelle


Trop d’amour

Pour s’en défaire


On se relève

D’un brancard


Le large en face


Ta présence

Comme un pas

D’avance


Toujours là



vendredi 12 mai 2023

Parcours

 

 

Ce que l'on sait

Fait irruption

Dans la vie


Ça tombe d'un

Ciel trop bas


D'un voyage

A son terme


Entre une rivière

Et des quartiers

Bombardés


Le prix de la

Douleur


La beauté

Enracinée


Dans le temps

De la guerre


Sans l'autre

Terme possible


Et ses lignes

D'horizons

Renouvelées


jeudi 11 mai 2023

Maeterlinck City (5)

 

Il est préférable

De rester à la porte

De ce lieu et

De ces tombes

Symboliques


Montrant ce

Qu’il ne faut pas


Le vent murmure

Et le vide ancien


Alors que partout se

Lèvent de nouvelles scènes

Et de nouveaux liens


Le royaume

De l’avenir


Où les désirs

Et les corps

Prennent vie


L’édifice

D’un univers

Presque interdit


Tout ce qui s’éloigne

Ou s’exile revient

Dans ce décor

De bétons chantés

Et de sons cristallins



mercredi 10 mai 2023

L'ambre

 


Ces fleurs 

Et leur insoluble 

Beauté  

 

Je te les tends 

 

Dans leur zone d’air 

Et leur urbanité 

 

Assiégées 

 

Étouffant 

Dans la modernité 

Crépusculaire 

 

Dans l’attente 

D’une perception 

Violente  

 

Le jour et tout 

Ce qui s’en suit 

La pluie et la lumière 

 

Parfois les deux 

Dans un même 

Mouvement 

 

Murmure de l’eau 

Déconcertant 

 

Dans les rayons 

Presque impossibles 

À tenir d’un soleil 

Chargé d’épices 

 

Je suis là 

Dans l’incertain 

Et l’insondable 

Esthétique 

D’une ville 

 

Aux larmes d’ambre 


mardi 9 mai 2023

Attachement

 

 

Par ce temps figé

Alors que tu me

Touches - que cela

M’a sauvé - mais tu

Le sais - d’une

Évasion



C’était partir en vain

C’était partir pour rien



A grands pas d’une

Aube à la ramasse



Ces maudits pas

Qui brisent



Tes mots

Comme une liesse

M’ont retenu



Et me retiennent

Toujours



D'une ville à

L'autre



Qui se trouvent

Et se retrouvent



Dans le sillage de

Ces méprises qui

Reposent bien au

Fond de nos cœurs



Passages pour ainsi

Dire obligés - bien au-

Dessus de nos instincts

Arrachés



La prescience

De toute éternité

Qui nous file entre

Les doigts



Mais que tu

Possèdes parfois



Et me rétrocèdes

En retour