On doit pouvoir
Supporter l’incertitude
La traversée des mondes
Et leurs mâchoires
Bien refermées
Sur le torse
Cette faiblesse
De vieillard
Cette ruine
Passagère
Que l’on regarde
Droit dans les yeux
Pour se détourner
De l’objet fragile
Redevenir certain
De ses forces
C’est parfois lointain
L’image de ce qui fut
C’est comme un cadeau
Empoisonné
La découverte
Amère de ce qui
Nous échappe
La lumière en arrière-
Plan qui se disloque
Jusqu’à la mort
Pour une autre
Lueur
Il n’est question
Que de ça
De ce risque-là
Bien enfoui
Dans les entrailles
Et les os
Il n’est question
Que de marches
Et de tristesses mêlées
Comme de tout
Ce que l’on abandonne
Jamais
Le malheur a beau siffler
Ne rien lâcher
Revenir et déposer
Sur le rivage
Son lot de corps
Souffler sur les braises
De tous les maux
S’enraciner si profond
Compromettant
Le cœur et son mouvement
Il reste le signe évident
De notre présence
Depuis longtemps
L’équilibre s’est fait
Entre le port
Et la mégapole
L’univers des grues
Et l’odeur du métro
Cette voie de plus
En plus rapide
Comme une veine
Sillonnant nos époques
Tout ce qui nous échappe
Et nous a échappé
Tous ces manques
Concentrés ainsi
Entre deux pôles
Ces villes entières
Qui basculent en moi
Toutes ces situations
Étranges lues chez
Michaux avant
D’être acculé
A la blanche
Comme à sa
Lumière
Jamais assez
De cette époque
De son altération
Livrée aux regrets
A ces organes urbains
A tout ce qui perturbe
Des corps toujours
À terre ou debout
Dans les brèches
Ou triomphants
Subissant les coups
Considérables
De ce monde
À peine le temps
Des choses à faire
Des tremblements
Souterrains
Et les jours
Qui passent
Finissant
Par faire
Comme une
Voix intérieure
T’arrives dans cette région
Là où les impasses
S’accumulent
Là où le regard
Pressé s’éteint
Porteur des éclats
Passés
Cette impression
De mur devant
Les yeux
Des immeubles
Délivrant l’avenir
En morceaux
D’immensité
Ce qui s’élève
Désoriente
Comme la terreur
Des âges
Cette impression
D’être nu
Dans le froid
La pseudo forteresse
Dans laquelle on
Se protège
Où l’on reste
Jusqu’au bout
Murmurant à peine
Le monde
Celui qu’on a vu
Se replier en soi
Jusqu’à disparaître
Secrètement muet
À portée de mort
Et de renaissance
Tout dire de la vie
Réduite au silence
Quelque chose
D’incompréhensible
Sûrement contre
La peur
Ça fait peur
On s’en accuse
De cette faiblesse
Temporaire
Ce n’est qu’une
Chose qui fait peur
On s’en accuse
Toujours encore
Aujourd’hui
Ça se lit
Dans le corps
Arraché
Tout entier
À cet impact
Que l’on contemple
Maintenant
Comme on balance
D’un pied sur l’autre
Prêt à tomber
Avant de se
Rattraper
La peur au ventre
À chaque virage
Mal négocié
Sembler hors d’usage
Se tenir debout
Sembler malade
L’être mais invisible
La plupart du temps
Se tenir debout
Souffrir de reculer
Voire même de
Se dégrader
Sembler l’être
Dégradé mais
Provisoirement
Jusqu’à présent
Et même en rajouter
Dans le style
La belle présentation
Pour cacher la misère
Ne jamais sembler
Hors d’usage
