Oraison
Que valent les mois métastases
Les semaines que rien ne soulève
Les jours élimés les heures sans riffs
Les minutes qui s’étiolent dans la pénombre ?
Le fléau comme une plaie
Qui se fait linceul
Un suaire terreux
Je suis l’Oraison le tueur de liesse
Celui qui met fin aux litiges
Etouffant les prophéties
Ces chevaux réfractaires
Qui renvoient l’éclat des ambulances
Je suis le sniper aveugle
Qui tire sans discernement
Sur la clameur des tirs ajustés
En dépit de ma nuit noir de jais
Je suis la boue que vous retirez
De vos propres mains des eaux grises
Ce limon pollué qui s’étale
Sur vos existences
Des vies sédiments qui s’envasent
Explorant les fonds les égouts
Le dessous des ponts
Creusant des tunnels des galeries
J’observe les hommes recouverts
Les travailleurs dans la fange
Et les dépôts dangereux
Un glaive kaolin fragile comme l’air
Je suis leur guide leur conscience
Une prière dans la terre
Une oraison sous les ponts
Un cantique à l’argile
Que valent des piliers creux
Les treillis de verre qu’un rien disloque
Les constructions de cristal sur des tombeaux
La disgrâce qui s’effondre dans le fleuve ?