mardi 19 février 2008

Child Lock


Assis sur une banquette

En plastique dur le défilé

Des stations et des affiches

Avec le rythme obsédant

Des rames sur les voies

Il regarde la nuque d’un

Homme en chaise roulante

Puis celle d’un obèse qui prend

Trois places à lui tout seul

Enfin il s’arrête sur la tête

D’une femme qui lit un journal

A la page des annonces


A cette heure il ne devrait pas

Traîner dans le métro - quand

L’obèse se tourne légèrement vers

Lui il arrive d’ailleurs à entendre

Une sorte d’étonnement

Quoi ? Regarde dans une autre

Direction ! Et le gros lard se tourne

Un peu triste - les enfants ne sont

Plus ce qu’ils étaient...

Le gamin a le sentiment qu’il

Peut faire ce qu’il veut

Et cette pensée le remplit


D’un désespoir indéfinissable

A cet âge on n'est pas encore

Désespéré on est juste malheureux

Mais on ne sait pas encore

Pourquoi précisément - les adultes

Eux le savent : ils grossissent ils

Roulent trop vite et picolent

Ils se noient dans les journaux

Et se laissent insulter par les

Minots - en fait ils dérivent plus

Ou moins gentiment plus ou

Moins atteints


Il flanque un coup dans la

Chaise roulante - on ne sait jamais

Ça pourrait être comique de voir

L’invalide se mettre debout

Et de lui coller alors un grand pain

Dans sa gueule - une pensée ignoble

Qui à nouveau le remplit de cette

Incertitude pleine de tristesse

Il peut vraiment tout faire - tout

Tellement de choses que cela en

Devient effrayant - personne ne

L’arrêtera dans sa course


(La curiosité l’a délaissé

Pour qu’il n’ait plus d’attaches)