Child Lock
Assis sur une banquette
En plastique dur le défilé
Des stations et des affiches
Avec le rythme obsédant
Des rames sur les voies
Il regarde la nuque d’un
Homme en chaise roulante
Puis celle d’un obèse qui prend
Trois places à lui tout seul
Enfin il s’arrête sur la tête
D’une femme qui lit un journal
A la page des annonces
A cette heure il ne devrait pas
Traîner dans le métro - quand
L’obèse se tourne légèrement vers
Lui il arrive d’ailleurs à entendre
Une sorte d’étonnement
Quoi ? Regarde dans une autre
Direction ! Et le gros lard se tourne
Un peu triste - les enfants ne sont
Plus ce qu’ils étaient...
Le gamin a le sentiment qu’il
Peut faire ce qu’il veut
Et cette pensée le remplit
D’un désespoir indéfinissable
A cet âge on n'est pas encore
Désespéré on est juste malheureux
Mais on ne sait pas encore
Pourquoi précisément - les adultes
Eux le savent : ils grossissent ils
Roulent trop vite et picolent
Ils se noient dans les journaux
Et se laissent insulter par les
Minots - en fait ils dérivent plus
Ou moins gentiment plus ou
Moins atteints
Il flanque un coup dans la
Chaise roulante - on ne sait jamais
Ça pourrait être comique de voir
L’invalide se mettre debout
Et de lui coller alors un grand pain
Dans sa gueule - une pensée ignoble
Qui à nouveau le remplit de cette
Incertitude pleine de tristesse
Il peut vraiment tout faire - tout
Tellement de choses que cela en
Devient effrayant - personne ne
L’arrêtera dans sa course
(La curiosité l’a délaissé
Pour qu’il n’ait plus d’attaches)