Smoke Screen
La cigarette tient en équilibre
Très bas sur les doigts : elle
Pourrait brûler les premières
Phalanges mais ce n’est pas
Grave - à y regarder de plus
Près on remarque des traces
De brûlures des traces
Anciennes ou des marques
Jaunes - les braises qui ont
Léché la peau déposé la nicotine
C’est dégueulasse
Quand on remonte vers son
Visage on est surpris de trouver
Un visage net - jeune et sain
Les cheveux coiffés en arrière
Ils dégagent un front large
Et blanc marqué de deux ou
Trois rides d’expression
Une intense réflexion
A moins qu’il ne s’agisse d’une
Inquiétude d’un deuil - une
Tragédie de cette nature
La tête est inclinée sur le côté
Le corps est voûté - en fait
Il n’est pas si jeune - ça saute aux
Yeux quand il se relève un peu
Et qu’il sort prendre l’air
Derrière lui sur la table
Un cendrier plein trois verres
Vides - des verres à bière
Une trace dans l’air comme
Un silence lourd et trop long
Quelque chose d’anormal
Il ne reviendra pas - c’est le
Barman qui a dit ça en essuyant
Une table près de la mienne
Il n’est jamais revenu vrai
Un écran de fumée disloqué
Dans la nature avec ses rides
D’expression - il est mort
Aussi bien ou pas - les doigts
Pris au piège des cigarettes
Heavy smoker heavy smoker...
De la cendre éparpillée