Sirènes en colère
Au bout des rues droites Elles se dressent
Squelettes métalliques qui barrent l’horizon
Des bras articulés en ligne de mire Des géants armés d’aiguilles
Elles t’attirent ! Elles te narguent !
Ces beautés désarticulées Sirènes d’acier aux chants mécaniques
Ces armatures aux voix de fer Aux reflets féroces
Rythment ta vie Chacun de tes gestes
Elles te guident ! Elles te minent !
Cette odeur de limaille Poudre de métal
Résidus flamboyants de tes journées obliques
Incliné sur une machine-outil à façonner des pièces
Elles te cassent ! Elles te brisent !
Les sirènes de l’arsenal leurs effluves de soufre couleur de résine
Mélodies grinçantes qui vrillent ton cerveau
Des minutes suspendues au-dessus de l’avenir
Elles récidivent ! Te persécutent !
Le temps a passé dans ce décor de plomb
Tes yeux sont remplis de déchets noirs
Ton dos s’est courbé et tes mains ont gonflé
Elles te trahissent ! Te démasquent !
Des marques s’impriment dans le macadam
Ruban de goudron vers une porte Vauban
Dans le ventre sombre d’un atelier combustion
Elles t’anoblissent ! T’endurcissent !
Tu poses tes doigts grossiers sur des peaux épaisses
Tu embrasses les bouches de vieilles sirènes
Des femmes d’abordage comme des bittes d’amarrage
Elles te dégoûtent ! Te consolent à peine !
Et puis un jour à la recherche d’un nouveau chant des Sirènes
Tu suis d’autres bornes, tu fais tous les squares de la ville
Baden-Powell Wilson Kennedy
De la poudre de fer au Crystal Meth
Jusqu’à ce que les sirènes cruelles
Les anges de la Cavale Blanche fondent sur toi !