vendredi 22 juin 2007

Sirènes en colère



Au bout des rues droites Elles se dressent

Squelettes métalliques qui barrent l’horizon

Des bras articulés en ligne de mire Des géants armés d’aiguilles

Elles t’attirent ! Elles te narguent !


Ces beautés désarticulées Sirènes d’acier aux chants mécaniques

Ces armatures aux voix de fer Aux reflets féroces

Rythment ta vie Chacun de tes gestes

Elles te guident ! Elles te minent !


Cette odeur de limaille Poudre de métal

Résidus flamboyants de tes journées obliques

Incliné sur une machine-outil à façonner des pièces

Elles te cassent ! Elles te brisent !


Les sirènes de l’arsenal leurs effluves de soufre couleur de résine

Mélodies grinçantes qui vrillent ton cerveau

Des minutes suspendues au-dessus de l’avenir

Elles récidivent ! Te persécutent !


Le temps a passé dans ce décor de plomb

Tes yeux sont remplis de déchets noirs

Ton dos s’est courbé et tes mains ont gonflé

Elles te trahissent ! Te démasquent !


Des marques s’impriment dans le macadam

Ruban de goudron vers une porte Vauban

Dans le ventre sombre d’un atelier combustion

Elles t’anoblissent ! T’endurcissent !


Tu poses tes doigts grossiers sur des peaux épaisses

Tu embrasses les bouches de vieilles sirènes

Des femmes d’abordage comme des bittes d’amarrage

Elles te dégoûtent ! Te consolent à peine !


Et puis un jour à la recherche d’un nouveau chant des Sirènes

Tu suis d’autres bornes, tu fais tous les squares de la ville

Baden-Powell Wilson Kennedy

De la poudre de fer au Crystal Meth


Jusqu’à ce que les sirènes cruelles

Les anges de la Cavale Blanche fondent sur toi !