lundi 30 juillet 2007

Dream Catcher



Tous ces types à la redresse finiront courbés

Le jogging alourdi par les erreurs

La doublure déchirée par des larcins trop modestes

Tandis que d’autres se dorent la pilule

La seule qu’ils n’aient pas vendue


Les mains ferrées derrière le dos

T’es serré sur le quai de la gare

Au Belvédère ou Place de la Liberté

Fallait voir plus grand plus large

Regarde la classe du panorama la côte devant toi


T’es pas à sa hauteur on peut le dire

Surtout elle ne fait qu’attraper les rêves

Comme un filet une toile d’araignée

Parce qu’en vérité ici c’est un terminus

Te voilà assigné à résidence le dos tourné à la mer


A l’extrême d’un continent

On ne peut que se vautrer pas possible de reculer

De remonter dans un T.G.V. pour un retour sans casse

Des falaises sur lesquelles on flanque des maisons blanches

T’as vu quoi ? Tu vas pâlir en cellule


La côte était proche et intouchable à la fois

Le bagne dans le coin est une longue tradition

Tu vas découvrir les joies de l'Ermitage

Jouer l’ermite entre une bretelle d’accès et l’autoroute

En plein dans la toile de l’insecte


Le soleil plongera derrière les falaises

Soulevant les bancs de sable humectés par une eau claire

Les sentiers et les fortifications à l’abandon

Déchaînant le chemin des douaniers

Curieux parallèle ils ont fini par te rattraper...

vendredi 27 juillet 2007

Amour à froid



Tu regardais par la fenêtre

Et tu m’as dit :

Cette ville n’est pas la mienne

Je t’ai répondu :

Ma vie n’est pas la tienne


Tu as ajouté :

Je n’aime pas tout ce gris

Je t’ai répliqué :

Je suis souvent gris

Au ras de la poussière


Ta réponse a fusé :

Trop souvent par terre

Tu deviens comme ces murs

Mon objection a pris son temps :

je les trouve beaux ces murs


Tes boucles brunes ont tremblé :

Le problème est là

De loin je les ai caressées avant de lancer :

Il est peut-être anodin

Ta riposte dans le spleen :


Je ne crois pas. Pas pour moi

Il y a la musique aussi...

La musique ? Ai-je répété. Tu as confirmé :

Je n’écoute que de la musique cubaine

Et toi que de la cold wave


Je n’ai pas pu me retenir :

Encore un prétexte !

Tes boucles ont bougé à nouveau

Quand tu m’as répondu :

Pour toi. Pour moi c’est essentiel


L’espace se clôt près d’un vide

Une pièce étroite qui rétrécit encore

La solitude n’est pas une invention

Mais il est si difficile

D’en dépeindre le goût


jeudi 26 juillet 2007

Brest City Blues



Tendre la main et se la faire couper

Pour être sûr de ne jamais tisser de liens

Des tombes retournent les sens giratoires

S’affrontent sur les dalles d’un parvis à venir

Des dalles infâmes c’est la cité des plaies

Eclairée par la croix d’une pharmacie

La Pharmacie du Centre

Aux relents fétides vers d’autres territoires

Obsédés ingérés digérés


En lettres énormes vertes sur un fond blanc

C’est la Passion névralgique

Clouée sur l’officine à cambrioler

L’heure qui arrive est à l’aphasie

Aux démences concentriques près de l’objectif

Dévaler la Route de la Corniche

Qui comprend encore les paraboles ?

A pied d’oeuvre autour de la tâche

De toute façon cela n’a plus d’importance


Place de la Porte deux ou trois tours

Pour soulager la pression la Passion in absentia

L’oeuvre est un lieu ? Un drame ? Une fiction ?

Un pharmacien cloué sur un comptoir

Ouais c’est exactement ça

Un remède dérobé avec une masse

Une jolie masse bien lourde et brillante

Comme une lanterne une torche

Un flambeau qui fait plier les candélabres


Des rats traversent devant nous

Bienvenue dans ce périple délinquant

En quête d’une pharmacopée de tous les effets

Répertoriés dans un registre plus haut dans le Centre

Saint-Pierre Saint-Michel Saint-Marc

Quand je parle de la Passion du Christ...

Elle nous conduit à cette officine

Couche-toi l’apothicaire !

On se prosterne devant tous les Saints




mardi 24 juillet 2007

Les fleurs noires



Les fleurs du travail poussent au pied des remparts

Le long des sentiers surplombant l’abîme maritime

Classées Seveso elles sont les fleurs noires

Les végétaux de la pétrochimie

Les filles des citernes flottantes ventre de biche

Qui s’amarrent après une quarantaine

Loin sur la rade de longs cous d’albâtre


Les fleurs suspendues à l’explicite

Se nourrissent à la dynamite sans une hésitation

Sans le moindre murmure elles ingurgitent l’explosif

Et embellissent les falaises tachetées de blanc et de brun

La pierre grivelée sur laquelle elles se couchent

Soudain la côte qui meurt au bord de la ville éructe

De la bave hardcore à la commissure des failles


Les fleurs noires portent le deuil d’une euphorie

D’une douce toxicomanie ce sentiment de marcher sur l’histoire

Lorsque l’aube en feu pouvait se boire

Que l’aurore passait au lance-flammes le front de mer

Encore dans les draps charbonneux rêvant à l’origine

Le boulevard s’éveillait dans l’incendie et la chair flammée

Tandis que la brutalité s’immolait avec la nuit


Les filles de la working class s’abandonnent aux poubelles

Des racines dans l’ordinaire repues de calme et de respiration

Avides de capter les saisons le gaz carbonique

Penchées sur le vide entre le bâti et la nature

Entre le fret surveillé et le défilé des paquebots

A force d’entreposages de transbordements

Les appontements ont fini par épuiser la sève


Tous les vingt mètres une fleur comme une jetée

Noire de la pétrochimie et d’un travail de nuit

Travail de classe des enfants du couchant

Sur la descente l’inclinaison des rayons nonchalants

La tranquille observation des décombres épanouis

La paisible défaite le dos contre la pierre faillite

Les pieds déjà dans la terre les idées noires aux teints hâves



jeudi 19 juillet 2007

Lie Detector



A lie. Un mensonge qui lace

Une maille serrée qui lie les hommes les femmes

Qui noue avant de lasser


Big lie. White lie

Mensonge éhonté et micro-mensonge

Qui ne cessent de s’altérer


Little white lie. The big lie

Petit mensonge dévot et mensonge définitif

Désaltérant les effets corrupteurs


Falsehood. Untruth

Les falsifications distribuent les faux

Où se dévoient les sentiments


Aux mépris à la confusion

Je réponds par la maigreur

Je ne pourrai plus m’arrêter de maigrir


Juste un nerf juste un muscle

Maigrir jusqu’à l’insoumission

De l’énergie ! De la révolte !


Dans ce nerf dans ce muscle

C’est de l’amphétamine qui circule

Elle massacre les anges en plastique


Aux mauvais petits anges

A leurs faux sourires à leurs sales ailes

Je crie : Prêt ? Armez ! Pool !


Ils retombent dans la rage urbaine

Celle qui fait maigrir

Jusqu’aux limites vitales


Ils s’écrasent comme des merdes

Sur un mur d’enceinte repère de graffeurs

Qui protège un bel immeuble





mercredi 18 juillet 2007

Oraison 2.0


Attention aux appareils qu’on éteint

A ces machines qui s’éclairent la nuit

Aux confins des heures frauduleuses

Egrenées par un moniteur


Attention à mon désespoir

J’ai l’horreur à subir

Surtout ne me retenez pas

Dans vos limites étanches


Je dors aux côtés de la mort

Et je l’interroge l’esprit à la colère

Comment respirer sans artifices ?

Bien sûr elle rit aux éclats


Débranche ton respirateur

Ce n’est qu’un style artificiel

Le déchoquage est salutaire

Les décharges sont salvatrices


Le cauchemar au bout du couloir

Avec un peu d’imagination

A la beauté d’une symphonie

Colle ton oreille contre ma poitrine


Tu entends ces battements qui crèvent ?

Ils t’aspirent dans leur mécanique sordide

Dans cette absence enfin as-tu la réponse ?

Celle que tu cherches dans le refus des prothèses


Elle ajoute comme ses joues se creusent

Courage et grâce sont les deux seules lois

Toutes les autres sont des appendices

Greffés sur les cadavres convaincus d’être en vie


Tu ne trouveras jamais l’air la gueule ouverte

Tu dois subir le manque et l’éclair

La sécheresse d’une musique hospitalisée

Et les chocs répétitifs jour et nuit


Sur ces paroles de fureur

Elle éclaire les cadrans un à un

Et les grise de sa résolution

De ses funèbres défaillances



mardi 17 juillet 2007

Hommage à Elliot Smith



Les substances aux détours des nuits bleues

Deviennent noires aussi vite que des fruits

Dans la chaleur des instincts repoussants

Au bas d’un immeuble cérulescent on distingue

Les traits décimés d’un homme désolation

Aux gestes pleins de doutes


L’enseigne défraîchie d’une vieille boutique

Illumine des balcons cisèle des miniatures

Et nous lance des messages opalins

Pourquoi marcher dans le sens du torrent ?

Parce que notre peine est torrentielle

Autant qu’elle se dilue dans la violence


Des gestes comme des passerelles

Tentent de briser les contraintes de l’hinterland

Alors que nous ne voyons qu’un voilier blanc

Son équipage dans la mâture et le pavillon déployé

Qui accoste sur une musique d’Elliot Smith

Comme on aborde un inconnu pour des frasques


Alors les fenêtres sont des indices laconiques

Qui ouvrent des pistes des suggestions

Pendues au clair-obscur des maigres ouvertures

Prenant néanmoins une couleur gracieuse

La Cité des Roses se pose et parfume

La Cité des embruns Iroise bien tassés


Portland s’invite dans la chaleur affligée

Aux quatre coins des nocturnes gris de maure

Et remonte le temps d’une escale quelques heures

Le torrent d’injures au lieu de le suivre

Le temps d’une harmonie embrumée par l’ombrage

De certitudes inconsommables ces peines homicides