Le trop plein
De mortalité
Dans ces mots
Remontant le cours
D’un fleuve opaque
Jusqu’aux rives claires
D’un espace libre
Ce qui pourrait être
Et trouve toujours
À disparaitre
Comme fragments
À peine
Que l’on recueille
Et contenus dans
Le vide d’une langue
Décapitée
Ainsi tu n’admets
rien
Ni que l’on t’arrache
Ceux qui t’éclairent
Ni que l’on répande
Un désert à la place
Ainsi tu n’admets rien
Cette mort de la mémoire
La froideur des faits
L’hiver au tournant
Ainsi tu n’admets rien
Cette lourde cendre
Retombant sur les épaules
S’évanouissant
Dans la chair
Un pied puis l’autre
Dans ce vide
Se dire que l’on
Enverra dans le décor
Un jour ou l’autre
Ce vide incarné
Un éloignement
Sans trêve
Cette durée sans
Fin qui l’on décide
D’abréger
Ce refus de prolonger
La peur
Et ce monde las
Son bruit sourd
Faisant sombrer
Le jour
Tu reposes dans l’ardeur
Sans blesser ni redouter
Ni finir le monde
Seulement dans l’absence
Comme on entre dans l’exil
Tu reposes dans ce cœur
Comme dans une tombe
Qui n’a été qu’éphémère
Laissant la ville convulsive
Décider de la lutte
Cet éparpillement
Des vies
Crevant
De ferveurs embrasées
Ca glace le cœur
Ca efface les contours
Ca transforme en reliques
Les mouvements rapides
Les grincements rythmés
De la circulation
Et même les souvenirs
Deviennent souterrains
Simples échos sous la terre
Enlacés dans l’obscur
Comme on perd
Lentement la mémoire
Dans l’étreinte d’un récit
Trop douloureux
Pour être écrit
Ta création
Est sous les yeux
Tu reluques la déglingue
Cette fission en marche
La tension partout
Lumière première
Et chantiers qui
Tremblent
Le regard
Trop sensible
À force de voyages
Souterrains
Et ces cris
Implorations
Défaillances
Simplement
Techniques
Dans ce flot
Comme une vague
La tension partout
Comme on lit
À haute voix
Ces trajectoires
Incapables
De reprendre
La course
Qu’on le désire
Ou pas
Sans voir
Passer
Jusqu’à son
Propre corps
Vers la mort
Ou la nature complète
D’une durée à peine
Prévisible
Que l’on partage
De nuit comme de jour
Dans le silence
Ou la lumière
Le souffle éphémère
Qui nous anime
L’ivresse de sa présence
On se renouvelle
Du cœur jusqu’au nom
Avant d’observer
La source s’absenter
Traversant
Notre nuit
Au seul écho
D’une aube
À venir
Un envol
De l’impatience
Cette vieille agonie
Dans un coin du ciel
Que l’on ne regarde
Jamais
L’effondrement
De l’homme premier
Désormais enterré
Sous les blessures
Très au-delà
De la perdition
Où s’efface même
Le visage
Ca résonne
Pour ne pas
Se perdre
Sur le seuil
D’une existence
À poursuivre
Croire encore
À mille choses
À cette sentinelle
Contre les plus
Mauvais jours
Où l’on implore
La renaissance
Toujours constatée
Le non-dit
De cette croyance
Quand j’habille
Les mots au bord
De tes mains
Ça devient
Une âme immobile
Le désir douloureux
D’une dernière saison
Avant de prendre
Le large
Un nouveau monde
Contraint et forcé
Insensible à la douceur
D’une terre désormais
Étrangère
Un ciel froid
Augmenté
De sa peine
Ce dernier cœur
Presque humain
De nouvelles larmes
Presque sèches
Cette écume
Frappant l’esprit
Comme une pierre
La peur au galop
Qui s’avance
Comme un vertige
Saturant l’espace
Cette chose plus belle
Jusqu’au souvenir
Que l’on fuit
Comme une ville
Détruite
Cette écume
Frappant l’esprit
Avec la violence
D’un flash blanc
Le soleil frappant
La rade
Éclatant les
Gratte-ciels
La distance
En plein vol
Quand l’inquiétude
S’installe soudainement
Pour un jour
Un seul jour
Où l’on reste
Indécis
Ou tétanisé
Avant de reprendre
Cette langue consumée
Qui se voulait défunte
Juste en surface
Qui se voulait
Avant de redevenir
Cette armure
Ce corps indestructible
En apparence
Seul jour au fond
Qui se dessine
À l’infini
Intact
Alors que le reste
Ne cesse de
Se déliter
On évite
La compassion
Ce qui daigne
Ne plus souffrir
Nouveau battement
Nouveau traitement
Comme un poème
Déjà parti
On évite
La compassion
Décidé d’en sortir
L’ère de l’abandon
En somme
Ne plus
Et voir
Sans autre
Forme
D’évitement
La prochaine
Diversion
Pas de honte
À cet autre corps
Son exil irrémédiable
Le sujet principal
Cet abandon des
Disparus
De vertèbre
En vertèbre
Traces fragiles
Que l’on garde en soi
Comme on apprend
Le silence
À vivre dans les
Décombres
Dévidant les jours
Perdu dans les reflets
Tu ne perds
Que l’attente
Paraît-il
Un corps
Parfois lassé
Mais qui se délivre
Toujours de la douleur
Tu ne perds
Que l’attente
Paraît-il
Une pensée écrite
Laissée pour solde
De tout compte
Tu ne perds
Que l’attente
Paraît-il
Des yeux
Où s’évapore
La mort
Et ce déluge
Et son pillage
Et la peur éperdue
