On a rêvé de l’endroit

que tu vois

de revoir ce que les

autres fuient

et voici qu’un

éclat nous atteint

parmi tant de

prémices

d’esprits et de

corps en suspens

on devine dans le

bruit des voix

ce cortège qui

est le nôtre 

Cela ne sert à rien

c’est un air sale

qui s’infiltre partout

et ne trouve la paix

que dans l’errance.

A force d’attendre

à l’ombre d’un

entre-deux le

reste du monde

s’étiole

Sensations

Mais en réalité on

s’était interdit –

les corps nimbés

d’une sorte de

lumière – tu

cherches un

chemin – une chose

tactile ou pas – le

reste est accessoire

comme une histoire

de guerre – que l’on

sait mais que l’on ne

dit pas – qui la

croirait ?

Seuls tes yeux

si intenses - et quand

parfois ma main se

porte sur tes lèvres –

parviennent à

dire – d’instinct

j’acquiesce – et

je descends loin

dans nos êtres –

fracturés comme

un sol ouvert –

aucun commentaire

aucunes berges

saturées et belles…

A Pareil Coup

A quoi sert de

montrer ce qui ne

veut pas être vu –

à l’affût de tout

ce qui rassure –

en éludant en

éludant toujours –

convaincu à cet

instant qu’il

s’agit d’une

terre ineffable

mais inatteignable –

Ma vie ressemble au noir du ciel. Je scrute son intimité, dans chaque pièce. En moi. Souffrant à en mourir. Plus j’approfondis, plus je me convaincs que son meurtre est le mien.

Tatouage

Par le poids de cet

instant – qui prime

sur tout – sa forme

si brève toujours

renouvelée – sa

manière à l’infini

d’effacer en apparence

le passé l’avenir –

cette solitude

essentielle qui signe

de son étrange

écriture – comme

un tatouage sur

la peau – cette

attention qui

se porte si rarement

sur toi – alors que

tu énonces tant

de mesures – musique

intime – pour les autres –

Sans

Non, dis-je

c’est tout autre

chose - à ce

titre pesant

cette façon de

s’éloigner -

son état de

sans-abri -

comme détaché

sans laisse - de

cet autre que je

vois - solitaire

qui s’arrache à la

vie - ou qui fut

trop vivant -

son indéniable

présence - dans

un lieu fermé -

même si abolir

les signes

extérieurs d’une

existence - et se

lover dans les

voiles de l’errance

imposée – ne

retranche rien

à son pire

ennemi

Hōrō

L’arrachement ou ce

détachement - l’errance

ainsi choisie n’est pas

l’infinie rupture et

l’absence de socle

c’est même l’exact contraire

plutôt la volonté de trouver

les fondements que

l’on souhaite  

愛

Une voix venant de son

passé – plus ou moins

lointain – l’équivalent

d’un brouillard qui par

nappes semble se

confondre avec le

réel – une sorte de

prolongement de

l’ici-bas – qui écrase

l’âme parfois – avant

qu’elle ne sorte de

cette brume éparse –

Time-Lapse

Comme le font les

idées qui naissent et

meurent - les doux

virages ou les

accidents - ce

paradis à l’ombre de

l’enfer - quelque chose

de si puissant dans la

clarté qui s’écoule

et s’effondre dans

la nuit - si peu s’en

éloignent...Et se laissent

emporter - la mort

est si simple -

inexprimable - sous

l’usure de sa guerre

de sentiments maintes

fois reportés - au milieu

d’une confusion - du

souvenir des

ambulances - le chemin

gracieux qui mène

à toi - ne plus

souffrir - et sombrer

dans ce visage - les

yeux baissés - nous

sommes des vivants

qui souffrent pourtant -

mais qui s’enlacent

contre l’épreuve

du temps -

For All That

Où la réalité se résout

sous l’ombrage

plutôt qu’en présence

écorchée par la course

de toutes parts des

fureurs – ton eau

opaline qui m’a rendu

les battements – les

tournures mauvaises

avant de suffoquer puis

de revenir – vaincu

d’avance et donc

pour ainsi dire

libéré – comme

nettoyé des bruits

inutiles – à ne

voir que le temps

et l’espace – et l’

intime impulsion –

tout autour même

si les mots fanés

semblent envahir

ils ne sont rien –

ils ne disent rien

de ce qui est - 

Des Ages

L’application d’une

vie – que l’on puisse

en saisir la valeur

en apprenant et la

joie et la douleur –

la peur plus grande

à mesure que l’

impétueuse déroule

ses longs couloirs –

ses défaillances et

renaissances – je

respire à pleins

poumons ta peau

suave – ta nudité

cinglante qui

rayonne et happe –

l’affolement du

dehors – ce calme

récitant – apanage

de tous les âges –

l’on pleure les morts

et ceux qui vont

mourir – désolation

et sans pouvoir – alors

que l’on arrache aussi

des vérités et le désir

à peine un froissement

de drap – et le dessein

de la mort s’échappe –