D’épuisantes
Traversées
Des cargos
Fantômes
Flottant dans
Le brouillard
Des sauts
Dans le vide
Transfigurés
Puis cette espèce
De soleil éblouissant
Comme un rire
On découpe alors
Des pans de la rade
Cet abîme de nuances
D’un éclat de fournaise
Au gris-bleu presque éteint
Comme une grâce
Et ta présence
Au loin
Un soleil qui apparaît
Aux veines du monde
Faisant couler
Un sang rouge
Du ciel aux trottoirs
Et qui roule
Comme un bruit
Au crépuscule
À la pointe
Délicatement
Dessinée
Où s’effondre
Tout un paysage
Et son air perdu
Morceau de
Ville lavé par les
Dernières pluies
Puis livré à
Cette lumière
Devenue blanche
Comme de la craie
Nous sommes
Pétris de chair
Et de fatigue
Dans la course
De ces nuages fuyants
Au fil d’une chevelure
Trop irréelle
Où l’on voit
Se refléter
Le chaos
Ordinaire
Loin de ses
Bras purs
Laissé à la
Fraîcheur
Matinal
Libéré
De la nuit
L’attente comme
Une grâce
De ce que l’on
Ne peut dire
Un genre de
Ville ensevelie
De feuillage
Et de béton
Entre mouvements
D’épaves et naufrage
D’un monde
Puis revenue du néant
De ses colonnes
De fumée
À la douceur
Enfin permise
De la pluie
Vers le bleu
Comme le
Renoncement
À la colère
Tout occupée
À ces lumières
Vives
Qu’importe
Si cela se referme
Que l’on verse
À nos pieds
Le contenu
D’une vie
Cette vérité
De chair
Et de sang
Comme l’obscur
Regret qu’elle
Deviendrait
Si l’on y prenait
Garde
À l’instar d’un ciel
Dont la détresse
Soudain se déchire
Sans fin contemplée
Sa lumière se déversant
Sur un boulevard choisi
C’est le bruit
D’un moteur
Comme jadis
Qui réveille
La fracture
Deux bras
De chair
Qui embrassent
Le futur
Où les bruits
Ne seront plus
Les mêmes
Ils courent
Déjà les rues
Au milieu
De la présence
Effrayée
D’un instant
Si étrange
Une main
Tendue aux
Morts
Une autre
À ce qui vient
Et nous
Au milieu
Comme au
Milieu d’une
Route
Où l’on attend
Chaque jour
Comme saisis
Par une éternité
Qui nous échappe
Tout se maintient
De cet abîme
Dans cesse
Survolé
Comme ces routes
Qui s’accrochent
À ton regard
Lourd comme
Le monde
Quand il touche
Plutôt l’horizon
Un désert faucheur
De ville
Comme cette douleur
Dans la poitrine
Ce corps qui fléchit
Peut-être pour
Un azur mort
Rien de plus
Paisible que ce
Terme que l’on
Voit briller
Si loin du grondement
De la blanche
De son blanc
Insoutenable
Sans traces
Dans le paysage
Une ville
Qui hurle
À nos talons
Son ancrage
Fragile et
Puissant
Ni prêtée
Ni rendue
Comme une
Présence trop
Lointaine
Pour être
Oubliée
Son goût iodé
Qui monte
Aux lèvres
Jusque dans
La nuit
Jusque dans
Les rêves
À travers
Le rectangle
D’une baie vitrée
Le mince mais
Si beau spectacle
Des lumières qui
Parsèment tous
Ces corps reconstruits
Vainement ligne
Après ligne
Autant de
Possessions
Illusoires
À travers les
Saisons
Comme au milieu
De l’inguérissable
Ça coule comme
Des eaux précipitées
Jusqu’aux périphéries
Lisières inexplicables
Où les oiseaux
Ne murmurent plus
Alors que les façades
Luisent
Et que les rues
Cubistes s’enchaînent
Ce jour froid
À venir
Qui tarde
À se poser
Comme on recule
Devant les branches
Furieuses qui
S’annoncent
Et que l'on dit
À voix basse
Je t'aime
Pour tout
Paysage intérieur
Si l'on perd
Le silence
On perd la tête
Si l'on perd
La foule
Et les rues
On se perd
Infiniment
Seul ainsi
Dans ce tumulte
Que chacun reçoit
En dépôt
Ce dépit fauché
Par le temps
Et tout ce qui
Nous entoure
Simplement
Sur le sol
Tout un monde
De grandeur
Ces arbres
Transplantés
Et ces murs
Recouverts
Comme on cherche
Dans sa mémoire
Les images intactes
D'un jour
Déraciné
Sinon cette lumière
Si pure d’une fin
D’été
Dessinant la vaste
Cité sans l’ombre
D’un nuage
Que l’on voit
Défiler
Comme on contemple
Une vallée
Que l’œil
Ne parvient
À épuiser
Au centre
Des plis bleus
Et blancs
Et de leur
Lutte contre
L’éblouissement
Quand le soleil
S’abîme dans les eaux
Scintillantes
Il y a d’autres
Signes
Que ces battements
De cœur
Qui parfois inquiètent
Mais comme tout
Le reste
Cette croyance
Un peu folle
Qu’une armure
Peut vraiment
Protéger
Elle enferme
Et ne répond jamais
À la chair déchirée
À l’extrême
Vie que l’on
Voit apparaître
Encore bien
Trop flou
Il est temps d’être
Traversé par le vivant
Rien n’y est
Sacrifié
Tout juste
L’écho musical
D’une présence
Ou d’une foule
Lointaine
Autre rive
Autre vie
L’invite
D’un ciel
À cette heure
Diminué
Qui s’apprête
À ressentir
La nuit
Celle qui dévore
Les mains tendues
De la ville
Son ressac
Ramenant
Vers le large
Nos peines
Indéfinies
Là s’annoncent
Des limites
Impossibles
À contenir
Toute une
Gamme de
Bleus et de verts
Et des touches
De falaises
Recomposées
Une transgression
Urbaine qui s’affaisse
Dans la mer
Surimprimée
Au paysage
De granit
Son assise
Profonde
D’échancrures
Sensuelles
Tout près
Du colosse blanc
De ses couleurs
Changeantes
Plissements
De terrains
Et de quartiers
Le même pan
De roc arraché
Aux siècles
Elles s’étirent
Contre la mer
Entre deux
Bâtiments
À travers la
Ville mouvante
Et ses vagues
D’ombres
Les bras perdus
Dans le vide
Sans rompre
L’harmonie
D’un lieu précipité
Dans l’avenir
Reste des formes
Et des carcasses
Une prison et
Des Lions
Bientôt tombés
Du toit
Les griffes dans
La poussière
De travaux
Gigantesques
Reste notre
Présence
Bizarrement
Tenue par les
Nuées d’oiseaux
Là serait l’horizon
Trait bleu sur ligne
Blanche dessinée
Par les immeubles
Là serait la perte
Immense d’une cité
Submergée par ses
Propres désirs
Réduite à ce vertige
Du merle blanc
Et à tant d’autres
Sources bues trop
Vite par le ciel
Avant de retomber
Ivre de sa lumière
Un genre de toute
Puissance
Ou de réverbération
Trop intense
Pour un photo
Sensible
Comme une couronne
Consolatrice
Qui ne répond
Rien au murmure
Citadin
Tout ce qui
Nous attend
Que l’on devine
À travers la pierre
Avant qu’un coup
De vent nocturne
Ne vienne la renverser
Emportée par une
Vague
Sur laquelle le corps
Cale son rythme
Renversé au trottoir
Contre ce paysage
Altéré
Plus qu’une ombre
Projetée
Sur un ciel
Tout jaune
Chargé de roses
