Le choc du regard
Que l’on porte
Cette volonté
Bien nette
De ne pas céder
Déchiré par la colère
Toujours ressuscitée
Un genre de mort préparée
Toujours inachevée
Maudissant cette idée
Pour la contraindre
A la résurrection
L’art que l’on réveille
Chaque jour en soi
En laissant tout juste
Quelques mots
Signifiants
Il paraît
Que l’âge
S’est brutalement
Replié sur lui-même
Comme dans un tableau
De Brueghel l’ancien
Toutes ces prédications
Putain de diableries
Auxquelles ils croient
Sans rire et c’est encore pire
En cet instant
Une porte s’ouvre
A crever
La jeunesse
Est un naufrage
A se croire
Obliger
De tuer
C’est un peu pareil
Un ensemble de mots
Un édifice dérobé
Donnant forme
A l’échappée
Impossible
De ne pas voir
La ville se tordre
Dans les flammes
En être plus que
Jamais
Penser alors
A la liberté
D’Hikmet
Celle qui se bat
De chair et d’os
Et détruire le reste
Qui t’échappe
Qui file entre
Les doigts
Cette humanité-là
Tu vois elle s’éteint
Peut-être
Elle s’éteint devant toi
Mais tu la regardes
Comme si tu regardais
En toi
Rien ici n'est
Vraiment étranger
Chaque visage
Qui porte un peu
De cette souffrance
Tu le regardes
Bien en face
Cette putain d’humanité
Qui s’échappe
Sans que tu puisses
La retenir
Elle te fixe
Sans retenue
Qui perd innocemment
Sa lumière
Celle de ses mondes
Intérieurs
Comme s’évanouir
Dans le noir
Noyé les yeux
Ouverts
Mangé par
L’eau
Avant de
Se mordre
Les lèvres
Et de remonter
A la surface
De la tristesse
Puis la froideur
Du vide qui cogne
Puisqu’on allume
Les derniers feux
Ceux qui foncent
Jusqu’à Dieu
Pour mieux
Le dévisager
Lui et son angoisse
Perpétuelle
Que l’on pare
D’un nœud coulant
Pour s’en débarrasser
Redevenir
Impeccablement
Doux
Au plus près
De cet avenir
Mais sans
La violence
Intérieure
De ce visage fondu
Laissant derrière
Le sombre et féroce
Il reste le sourire
Du deuil
Des yeux clairs
Et les éclairs
D’acier d’une
Ville
Ses liens défaits
Un ciel adolescent
Des morts éblouis
L’amour contenu
L’effort impassible
Et cruel de suivre
Les pleurs
Et garder
Toujours
Le parfum
De sa peau
Vivace
Et ses gestes
Les plus fous
Au creux
De la mémoire
La course
Est épuisante
Se heurte
Au premier
Front venu
Celui d’un passé
Fantôme
De sa fortune
A sa perte
Que l’on couche
Sur le papier
Un genre de bruit
Que l’on voit
Comme le présent
La course
Est épuisante
A même
Cette mémoire
Que l’on garde
Pourtant de tout
Si je pouvais
Dans cet
Effondrement
Déroger à
L’automne
Savoir
Que l’on
Meurt
Par exemple
Regarder
Les lambeaux
D’un siècle
Que la pénombre
Eteint doucement
Si je pouvais
Dans cet
Effondrement
Déroger à
La perte
Savoir
Que l’on
Meurt
Par exemple
Regarder
Par exemple
Ce qui surgit
L’attente
Au bord
De la vie
Tu vois cet hiver
Qui ressemble
Au commencement
Et le reste
Comme un mauvais
Rêve
Tu vois cet hiver
Et ses vagues
Un peu trop
Mortelles
Perdu comme
Un corps couché
Sans l’ombre
De sa présence
J’y vois l’hiver
Qui semblait
Loin
Un début de peu
Un début de peau
Un début d’après
Quelque chose
En tout cas
On se dit ça
Quand on sort
Des braises rouges
Un début qui ressemble
A la fin
On se dit ça
Quand on sort
Des braises rouges
Quelque chose
Comme ça
Qui ne dit
Jamais son nom
Mais que l’on
Peut voir
Sans peine
Se frayer un chemin
A travers le corps
Sa belle immunité
Bien abîmée
Dans le passage
Où l’abîme
Tourne seul
En boucle
Sentence
Au bord
De l’écueil
L’amère attente
Et l’anxiété
De nous taire
Dans l’épaisseur
Du silence :
Ce « tue-moi »
Dans un mouvement
Que l’on refuse
Forcément
Je pense aux remèdes
A ces feux intérieurs
Là où toutes les pudeurs
S’éteignent
C’est la nuit écrite
Les entrailles
Vraiment de
L’obscurité
Que l’on
Regarde
Le corps torride
Et le sang que
L’on encre
D’une âme
Même pas
Implorante
Cela paraît donné
Comme ce mot
Sur la page
Et cette idée
D’un monde
Son étalement
Presque infini
Dans lequel
On se noie
Ce mouvement
Qui s’arrête
Alors que rien ici
Ne peut le faire
Cela paraît donné
A ces lignes
Que l’on déchiffre
Du regard
Comme étrangères
Alors qu’on les habite
Ca demeure
Quand même
Le seul lien
Ce qui n’entrave
Plus la ville
A la vitesse
D’un exil
Qui finira
Bien par
Prendre fin
Ce refuge
Que l’on tente
De ravir
Au désastre
Ca demeure
Quand même
Le seul lien
Qui nous reste
A l’orée
D’un brouillard
Désintégré
Faut-il
Se souvenir
De ce lieu
Ce devenir
Accidenté
Le placer
Volontairement
A l’abri
Dans une décharge
Quelque chose
Comme ça
Etouffé
Comme sous
Le poids
Sans plus
De langage
