Tracer (9)

Ca rend visible

L’imprécation

La digue tragique

L’épiderme

De l’époque

Et toi tu montes

Les lignes

De ta main

Ca rend visible

Le souvenir

En fuite

La poussière

Comme seule

Consolation

Et toi tu

Anéantises

Ta pensée

Insalubre

Les mots

En convalescence

Les mots

Durs et cassants

Tracer (9)

Tourné vers

Un siècle durci

Jalonné d’abîmes

De cascades

Et de silences

Coupables

Pareilles à

Des voies secrètes

A de multiples

Langages

Tourné vers

Un astre délabré

Sa voix illusoire

Comme une déchirure

Tracer (8)

Il y a aussi

Des mains

Qui tentent

D’écrire

Qui entendent

Toute une ville

Comme un chantier

De nuit

Indicible alliage

De la surface et

De veines souterraines

Ces machines

Qui aboyaient

Emprisonnées

Jusqu’aux nuages

Tristesse d’une conscience

Dangereusement

Endurcie

Tracer (7)

Il y a bien

Cette couleur

Calme et précise

Le ciel et ses reflets

Qui nous parviennent

Le genre de calme

Forcément trompeur

Sous lequel la vie se joue

Une œuvre construite

Sans présence humaine

Au contact

De ce vide

De son enveloppe

Sensible

Tracer (6)

Encore délimité

Par la mort opaque

Là où la nuit

Se laisse tomber

Vers les décombres

Rejetés à l’autre bout

Des hypothèses

Où se brisent

La jeunesse

Ce carrefour

D’un jour

L’enfance

Des paysages

Ces bruits

Jamais définitifs

Tracer (5)

Les passants

Les adieux

A l’horizon

Comme bouffées

De nuages noirs

La devanture

De ce monde

Protégée

Par un rideau

De fer

Les passants

Leurs adieux

A l’horizon

Que l’on entend

Comme une vague

Déchiquetée

Par la ville

Tombée

Dans le secret

Marcheur prisonnier

De ses vues exposées

En amont des chutes

Tracer (4)

Et comme les autres

L’espoir cicatrise

Devant la nudité

De ce paysage

Intérieur

Frappant l’air

Mourante

Oscillation

Ne servant à rien

La parole tombe

A terre et le ciel

Prend les couleurs

D’un asthme infini

Les échos rêvés

D’une cité endormie

S’immobilisent

Comme des anges

Pris dans les soubresauts

D’une époque accélérée

Tracer (3)

Ici tu prends souffle

De nouveau fantomatique

A peine présent

A chaque heure

Encombrante

Cet éboulement

Intérieur

Le visage

De l’angoisse

L’hésitation

Lunaire

Et le sourire

Triste

Ici tu prends souffle

De nouveau fantomatique

Regardant la chair

Dévissant

L’infinie couleur

Flirtant avec

La fin

Tracer (2)

Aux glissements

Que l’on sent

Multiples langages

Qui se brouillent

Paysages perdus

Ou retrouvés

Soudain

En fermant

Les yeux

Au fil

De la respiration

Des empreintes

Que l’on regarde

Emportées

Par la cruauté

Du temps

Effacer comme ça

Toute vie

Sur le passage

Tracer

C’est comme

Quand la pluie

S’enfuie

Laissant

Un ciel monstrueux

Mourir

De sa belle

Mort

On pense

A ce mot :

Incandescence

De l’eau

Temporaire

Sur le corps

Une autre ville

Une douleur

Différente

Que l’on arpentera

Après forcément

En dépit de

Encore heureux

Les autres

Et tant d’autres

Que l’on regarde

Avec la rancune

Des proies

Comme c’est dur

De les aimer

Ceux-là

D’ailleurs

On les ignore

Traversé

Les jours embarquent

Ce plein d’éclats

Des pensées ensablées

Que l’on écarte

D’une main abîmée 

Sa tristesse déraisonnable

Puissante comme une balle

Tu vois bien la mort

Dirigeant sa flèche vers

La circulation astronomique

Le secret cruel de la cible

Egaré (2)

S’égare parfois

A la recherche

A découper

Les images

De ce monde

A mesurer

La solitude

A parcourir

Les peines

Ces figures pâles

Qui percent

Le silence

Qui emportent

La ville

En pièces

Détachées

Autant

De morts

Autant

De messages

Présence

Incrustés de strass

De chatoiement

De regards méprisants

Ces temps sont morts

Surtout ne pas les réanimer

Laisser l’écriture d’urgence

Prendre le relai

A très longue portée

En éprouver la seule

Violence qui vaille

La tristesse

Dans l’atmosphère

Et ce calme

De la défaite

Répandus

Par des mots

Frelatés

Avant la conscience

D’une autre présence

Egaré

D’un air égaré

Vers l’extérieur

Aucun signe

De douleur

Comme si

Le temps

Était chaud

Comme si

Le temps

Contenait encore

Des trésors

D’un air égaré

Vers l’extérieur

Comme si

Le moment était

Seulement prêté

Qu’il déchirait

Ce qui reste

D’enveloppe charnelle

D’un air égaré

Voir son ombre

Tomber sur soi

Attendre

Au crépuscule

Le retour

De cette heure

L'Ordinaire

Sans doute

Au matin

Ces corps

Serrés l’un

Contre l’autre

Le temps

Translucide

Comme un ciel

Nu et chaud

Sans doute

Au matin

De rares

Silhouettes

Qui semblent

Encore s’amincir

Se dispersent

A grands pas

Ce temps

A pleines mains

Étrangle

L’étau

De ces murs

Mitoyens

Desserré

Par le pâle

Sourire

Que tu m’adresses

De Ne Rien

Là tout de suite

Jusqu’au soleil

Monte la pénombre

Black lead

Control

Anita Berber

Là tout de suite

Jusqu’au soleil

Monte comme

Un rideau métallique

La fin et sa furie

Le caractère

De ce qui reste

Au son de

Son’s of Rother

Là tout de suite

On caresse

Le souffle

Au dehors

Tout est

Pourtant

Si clair

Le Passage (2)

Ils ramassent

Ces propos

Contournent

Les corps

Qui pourraient

Flotter

Ces voix insultantes

Pourtant fragiles

Dans leur violence

Plus longue encore

Que cette ligne

D’horizon

Que l’on regarde

Sombrer dans la nuit

La ville et sa bordure

Prêtes à bondir

Sur nos attentes

L'effort

Tu fermes les yeux

Dans l’aurore

Le vent se traîne

Une main qui

Sait toujours

Le sentir

Tout ce qui compte

Sous nos yeux

Défilent et menacent

De s’envoler

Comme un désert

Qui avance

Dans chacun

De tes gestes

Il y a des mots

Qui saccagent

Le temps et

Sa furie

Tu fermes

Les yeux

Le vent

Se lève