vendredi 8 février 2008

A Lonely Figure




"S'il faut croire à ses blessures ?
Plutôt deux fois qu'une : c'est elles
Qui montrent le monde"
Il parle ainsi - toujours énervé
Puis il dit encore :
"Elles sont le temps et l'espace
Un foutu morceau de Jesus Lizard
Cassant et tranchant : voilà un aspect
Du vrai - c'est dans une plaie qu'il
Faut se tremper parmi les vaincus
Voilà le combat : refuser
De s'adapter à l'humeur - refuser
L'ambiance et rien d'autre
Du remplissage - du remplissage..."
C'est la mort qu'il faut vaincre même
Si elle a déjà gagné : ça j'avais compris
Il s'éloigne en lançant de grandes
Giclées d'eau salée devant lui - les
Chaussures aux couleurs amnésiques
Elles ont oublié leurs pigments dans la
Mer venant rencontrer ce sable deux
Fois par jour - et deux fois par jour
Eté comme hiver il vient à sa rencontre
Là il rumine sa lutte ce qu'il appelle
"Mon art véritable"
Ou son parcours solitaire
La seule perspective à peu près
Acceptable et aussi courir après
Ce peuple dans l'ombre : pour saisir
Les blessures et la lutte - ce regard
Appuyé sur la digue et la jetée grinçante
Avant de remonter sur la ville - avant de
S'éteindre dans l'espoir rayonnant
Que l'on devine trop éphémère
Il s'étire sur les toits et les figures
De l'ombre : les nouveaux partisans
Travel a lonely road - vers la création
Son art véritable...

jeudi 7 février 2008

Drawn In Outline


Ce ne sont que des silhouettes

A l’écart des ampoules multicolores

Elles ne se cachent pas - elles évitent

Ce que tous les autres recherchent

Les corps sont suggérés - happés

Par la déchirure : venelle malsaine

L’arrière des restaurants et des

Magasins - cartons restes d’aliments

Bouteilles vides prospectus

Parmi elles il y a ce black que je

Vois parfois dans la journée : une Bible

A la main il récite des psaumes

En remuant la tête d’avant en

Arrière - un peu timbré c’est

Probable - mais qui ne l’est pas ?


Ce ne sont que des silhouettes

A l’écart des gens - le doigt de

Dieu semble les avoir poussés là

Et comme des bêtes dociles elles n’ont

Pas montré les dents : la folie la

Dépendance et la colère les trois

A la fois comme un livre sacré

Qui aurait roulé du mauvais côté

De la route avant de se déverser

Dans un caniveau doré - peint de

Cette vertu divine qui mord souvent

Ceux qui la réclament - elle vient

Toujours à leur secours puis elle

Disparaît dans le brouillard des

Grandes villes - muette


Ce ne sont que des silhouettes

Les contours déformés par des

Poches trop pleines - toutes ces

Existences au fond quelle importance ?

Elles se répandent dans les bus les

Venelles malsaines en récitant des

Psaumes ou en éructant contre tout

Et n’importe quoi - la tête d’avant

En arrière les yeux absents au monde

En mouvement - il arrive qu’elles

S’entre-tuent pour un rien un mot

Une faim un souvenir de loin

Ce ne sont que des silhouettes

Les contours d’une réalité dis-

Simulée - drawn in outline


mercredi 6 février 2008

A Short Drink


In A Bad Light 9
Mise en ligne par YK.2

Dans ces visions incandescentes
Un bref instant de miséricorde
Dans le noir tenace taché
De ce mal un message
Alentour qui s'étiole avec
Une joie alcoolisée
L'intensité palpable et
L'espèce qui rôde sous
La lumière crue : se remplir
Les poumons puis descendre
Au chevet du drame - à son chevet

Ask For The Moon


Et récolter un travail au noir

A prix d’or jusqu’à l’overdose

A prix d’or jusqu’à l’overdose

Vendre sa force au plus offrant

Les abattoirs les poutres qui

Flinguent le dos - les larmes

Qui font un fleuve - travailler

A voir la lune tailladée pour

Expier quoi ? Pour comprendre

Quoi ? La nature exacte - cette

Peine qui oublie la prudence

Il ne faut pas me détester

La distance que je mets

N’est qu’un mur de fumée


Sur le gravier d’une place

Ombragée par ces tilleuls

Qu’on a dit malades - dans

Le ventre d’une matinée

Lumineuse et fraîche

Devenir subitement vénéneux

L’instant du départ ces

Secondes qu’on dit malades

Je vais décrocher la lune

Je vais décrocher ce câble

Dans l’espoir d’y rester

Et de récolter un peu de

Cette mort - seulement son

Ombre afin d’y voir plus clair


A quoi tient son emprise ?

Ce pouvoir infernal acheté

A prix d’or au coin des rues

Les abattoirs les poutres

Qui flinguent le dos ces

Chemins détournés de

L’idéal - ce travail qui

S’éternise et touche de ses

Mains calleuses une issue

Supportable - les ombres des

Tilleuls immenses et fines

S’inclinent lentement puis

Se posent sur les visages usés

Insensibles aux promesses...


mardi 5 février 2008

Lieux Communs


Pluie Artificielle 5
Mise en ligne par YK.2

C'est un arbre entre deux bancs
En face : un trait brillant d'enseignes
Les actions qui courent d'un trottoir
A un autre plus large encore
Avant de se poser ici et de perdre
La vue sur le chantier il passe devant
Une de ces vitres en miroir
Hé t'es de plus en plus invisible !
Bientôt plus d'image renversée
Mais un immeuble Kaufman & Broad
Avec une grille noire et scintillante
Des jardins privés et un parking souterrain
La guitare posée par terre n'a plus de cordes
C'est de la dope ou des cordes
De la dope ou des cordes : il en rit aux éclats
Ceux qui ont fait péter toutes ses dents
Une à une : l'émail n'a pas résisté
Encore un rire tonitruant un rire de dingue
Un vrai rire de furieux lavé au détergent
Industriel - cette ville t'a eu cette ville t'a
Baisé bien profond - voilà un sacré refrain
Cette ville t'a eu cette ville t'a...mais une
Autre pauvre cloche a bien dû écrire
Un machin dans le genre lavé au
Détergent industriel - forcément
C'est un arbre entre deux bancs
Protégé de la pisse par un cylindre vert
La pisse des chiens pas celle des
Faux musiciens à l'odeur de paria
Leurs guitares récupérées dans un bac
Poubelle - cassées sur le côté le bois
Enfoncé bien profond...cette ville t'a
Privé de son et d'image - plus qu'un
Atome dans un tuyau numérique plus
Qu'un spasme électrique s'agitant aux
Heures communes histoire de faire
Comme tout le monde mais pour aller
Sur un de ces bancs et admirer le trait
D'enseignes - rire aux éclats blancs

lundi 4 février 2008

Escape Bid


Ce que la vie fait de nous

Elle dit tout bas : je peux t’aider

Elle dit tout bas : je peux t’aider

Alors on fouille dans les tiroirs

De vieux pull-overs et des chemises

A manches longues - mais plus

Rien n’est à la bonne taille

Les heures passent elle revient

A la charge : je peux t’aider


Même si la traversée est parfois

Douloureuse parfois tragique

Quelques mots venus d’un

Pont tournant vous tire de là

D’un état second allongé sur

La transe - les vêtements taillés

Trop larges à présent feront l’affaire

Où sont parties les chairs ?

Ce que la vie fait de nous...


En suivant les traces dans

La frondaison - caché

Sous la feuillée on se laisse

Cribler par les appels à l’aide

Sans connaître la réponse

La main frôlant sa cuisse

Ou le bras s’enroulant autour

D’une taille - puis l’apologie

Des transes chimiques : je ferai


Ce que je peux sans ton aide

Contre toi en fait - sortant de

L’abri déjà criblé de ces mots

En feu comme des fausses

Sorties : plus lentes mais indignes

Sur le départ au bord du pont

Tournant - celui qui n’existe

Plus qu’en dessins noir et blanc

Ce que la vie fait de nous...


A la recherche jusqu’au bout

A la fin même couché par les

Transes comme une épave de

Dessein - la tentation abattue

Comme un vieil édifice

vendredi 1 février 2008

Towards The Last


Une Asahi à la main
En mauvaise posture
Cette rue traçante est passée
Au milieu de lui aussi sûrement
Que la lame d'un couteau
La couleur de la boîte : argent
Dans les pupilles des paillettes d'or
Avec ça il faisait tomber n'importe
Qui - des endroits des cris
La sortie et ce gaz néon
Au-dessus de lui - il indique
La fin ou ce qui s'en rapproche
Ce qui s'en rapproche c'est
La flamme d'un cierge et personne
N'en fera brûler un pour lui
Au mieux des ennemis se feraient
Un plaisir de lui faire couler sur
Les yeux de la paraffine
Chaude et blanche
Il sait depuis le début
Que la vie n'est qu'un péril
Où que l'on se tourne
Où que l'on se trouve
On flotte dans un liquide
Toxique - au moins la nuit
Annonce la couleur : les filaments
Rouges vous habillent de sang
Une enveloppe qu'on s'empresse
De resserrer - elle délimite le
Danger et ses vues sur l'amour
Comme sur l'Enfer
L'Asahi d'argent roule plus loin
Ce bruit de fer sur la chaussée...