On a dit
Que la rue
Avait volé
En morceaux
Qu’il en restait
Le souffle fragmenté
Et les correspondances
Effacées
La pensée
Au fil des pas
Édifiée par
L’existence
Et brûlée par ces
Départs
Presque toujours
Invisibles
Toutes ces choses
Affranchies
Qui s’accomplissent
Dans l’ignorance
Et l’exil
Où les images
S’impriment
Détenues
Comme de
Mauvaises
Présences
La claire conscience
De la disparition
Réduite à l’essentielle
C’est-à-dire pour elle
L’exact contraire
De cette liaison
Toujours coupable
Avec le corps urbain
Remontant son
Boulevard intérieur
Trajectoire toujours
Répétée
Où l’absence
Se fige
Elle n’existe pas
Dans ce défilé
Perpétuel
Ce dérèglement
Devenu permanent
Pour aimer
L’effacement
Oublier la folie
Des tueurs
De masse
Autorisés
Par la conscience
Tardive du danger
On détisse
Les heures
Tout ce qui
Est effrayant
Transfiguré
Comme une
Nécessité
Le dernier
Texte toujours
Avant la mort
Décompte
Impeccable
De ce qui passe
Au sein du texte
Lui-même
Où se joue
L’impossibilité
L’ardeur achevée
Dans la tombe
Comme des phrases
En poussière
Répandue sur
Notre passage
Quand on part
De sa vie pour
Chercher toujours
Dans ces grands
Déserts construits
Que l’on arpente
Inlassablement
On a beau
Courir après
Ce que l’on sait
Revient toujours
À la surface
L’ordre d’une langue
À peine fêlée
Par la violence
On s’y repère
Comme dans
Les veines
Souterraines
À la recherche
D’une vérité
Forcément
Provisoire
Retraversant
Toujours
Le manque
À l’image du présent
Qui peut étrangler
Le sentiment d’être
Freiné dans l’écriture
De cette ville intérieure
Court-circuitée
Le sentiment de
Cette présence
Que l’on récupère
Peu à peu
Mot après mot
Comme la substance
Première de tout
De chaque pierre
De chaque plaque
Et visage
L’inquiétude
À l’œuvre
Dans le langage
Dans cet espace
Revenu de l’enfer
Tenant debout
Par miracle
S’agite une main
Et son drapeau
La saleté du geste
Sa violence effrayante
Qui n’est rien
Au regard
De ce qui
S’annonce
Dans le cœur
Nucléaire
Du langage
Les corps
Changés et nos
Colères profondes
Ça ruisselle
Dans un bruit
Particulier
Celui des
Blessures
Ça projette
Des hommes
Au loin
La disparition
Des signes
Et des lieux
L’œil de la
Jeunesse
Dissipé
Dans les brumes
D’un Empire
Implosé
