Ce trait suspendu
Comme la souffrance
D’une attente
Impossible
Le genre d’instant
Dont on ne parle pas
Dépossédé encore
Réduit à ces mots
A ce dessein hésitant
Entre la mort parcourue
L’autre face d’un mensonge
Cette bataille qui ronge
Jusqu’aux fondements
De l’existence
Les fondations
Sous nos pieds
Les trottoirs
Que l’infini
N’aura jamais
Ça me dit
De l’outre rivage
De cette frondaison
D’immeubles
L’enracinement
Planté comme
Une aiguille
Ce corps lointain
De pierre et de verre
Son ombre épaisse
Qui se dessine
Sur le mur
De la chambre
Un jardin déserté
À cette heure
La steppe immense
De nos rêves évanouis
De ma nuit
Je retiens
Que la mort
Veut la vie
Qu’il est vain
De l’ignorer
De faire
Comme si
Et de vivre
Plein de regrets
Et de peurs
On traverse
Des cours
Et des doutes
Dont on ignore
Presque tout
Le changer
En poésie
Du cher passé
Porté par les
Chantiers
Les pieds
Dans la cendre
Éteinte
Et les yeux
Ressuscités
Chaque matin
Grâce à la peau
Près de soi
Alors que les
Rivages construits
S’agitent doucement
Et que la terre
Rare s’immisce
En nous
Ta voix la nuit
Déchirant
Le voile
D’un silence
Les portes pourtant
Massives de l’instant
Nous dans le vide
Au-delà des mots
Les mains proches
Vers les souffles
Du cœur
Loin des sentences
D’une lumière
Qui a cessé
De se répandre
Toujours
Une nouvelle
Fin
Plus rien
À voir
Avec la mort
Se réclame
Des marges
De cet espace
Imperceptible
Là où se déchaîne
Le doute qui
N’est est plus
Juste la ressemblance
La constante
Fuite en avant
Et le témoignage
Cette chose à venir
Généralité du langage
Qui à nouveau
S’effondre
Autant de villes
Comme de brèves
Passages
C’est venu
Comme un secret
Portant la marque
D’un adieu
Ce qui fait vivre
Et parfois mourir
Plus vite
Au rythme
Qui se lève
Partout
Dans les artères
Là où la faute
Est lavée par
La vitesse
La vitesse
Qui égare
Dans les
Millénaires
Inscrits
Dans ces murs
À peine séparés
De la mémoire
Son agonie
Constellée
D’interruptions
Lumineuses
Le soleil couchant
Sur ce morceau
D’urbanité
A la fureur
Déclinante
Son évasion
Provisoire
À travers la vitre
La réponse attendue
Et pleine d’étoiles
D’une attention
Sur un ciel assombri
Un fragment de preuve
Détaché comme ça
Un instant même
Pas perdu
Juste suspendu
Pour ne pas
Se ronger l’âme
Il s’agit de vaincre
L’éternité
Contre laquelle
On jette
Des mots retards
L’abrogation
De la douleur
Ce privilège
Dérisoire
Sa lumière
Contre les
Nuages sales
Ceux de Dickinson
Et la solitude
Qu’elle compare
À des larmes
Cette chose
À perte de vue
Des toits
Et des accidents
D’où vient
Ce grave
Sentiment ?
Son avance
Sur les autres
Son prolongement
Presque infini
Comme une avenue
Sans fin arpentée
Si profonde contre toi
Dans la force de l’âge
Sans les balles perdues
De la jeunesse
Oublieuses du danger
Qui s’allume soudain
Au détour d’une route
Où baigne la finitude
Où l’on s’intimide
Enfin du vivant
Échappé
D’un regard
Plus profond
Que la nuit
Que l’on quitte
Éclaboussé
Par la douleur
Récupéré
Par une lumière
Accueillante
Ses lumières
Ambiguës
Posées sur
Ta chevelure
Visage revenu
De l’aveuglement
Et du souffle
Lointain
Des morts
Mal protégé
Contre l’étouffement
Cet effacement de nuit
Ce rêve de tombe
Qui s’est évanoui
Même si la mort
Deviendra le sang noir
Des pensées
L’ombre derrière
Les façades
Fragile souvenir
Que l’on éteint
Après l’avoir
Détaillé
Visité comme
Un lieu et ses
Caresses devenues
Trop brèves
Alors c’est comme ça
Que cela se passe ?
Dans l’éclat chaud
D’une actualité
Contagieuse
Le retour incessant
La ville qui explose
Celle que l’on a explorée
Avant qu’elle
Ne redevienne
Un théâtre
Avec l’énergie
À peine désespérée
D’une aventure nouvelle
La vie terrestre
En quelque sorte
La nudité reléguée
À l’indignité
Dans un contre-sens
Absolu
Ça parle
De la capacité
À survivre
D’un texte
Que l’on enténèbre
Faute d’autre chose
Quelque chose
Qui ne parle
Qu’à la dureté
Une rémanence
Et rien d’autre
Voire les échos
De plus en plus illisibles
D’un chaos attendu
Regarde
Ton destin
Personnel
Pour le dire
En un mot :
Dépossédé
Alors qu’il arrive
Que les siècles
Soient possédés
Qu’ils s’imposent
Comme des sacrifices
Qu’ils se transforment
En corps planétaires
Traçant des itinéraires
Comme autant de tranchées
Tout ce qui décille
Montrant ce que l’on
Ne voulait pas voir
Cette goutte
De ciel que l’on
Voit tomber
À terre
Ce corps entier
Qui se jette
Dans la guerre
Tous ces corps
Plongés au fond
De l’histoire
Comme au fond
De la mer
Tous les empires
De rien et de tout
Qui s’orientent
Vers la mort
Bien plantés
Dans le sol
Regardant la
Jeunesse
Et tous ces corps
Puissants
Leur nudité
Livrée à la boue
A jamais souillée
