mardi 23 février 2016

Le Vacillement
















Les morceaux inachevés
comme par crainte
de se perdre
nous éloignent un peu
de l'immobilité
silencieuse

toutes les  peines du
monde cette espèce
de colère qui donne
l'illusion de détruire
l'urgence

dans ce vacillement
nous ne sommes
plus qu'une vaste
zone inexplorée
aux contours
incertains

samedi 20 février 2016

L'époque






















Plus rien autour
de soi si ce n'est
le fracas et
rien qu'à voir les
ruines qui s'
amoncellent on
devine la couleur
de l'immédiat

au milieu de cette
époque s'ouvre comme
un puits qui n'est même
pas le souvenir
d'un autrefois
pas davantage l'
envie d'un futur

plutôt la preuve
qui rappelle
le départ d'une
autre traversée

le regard plus au fond
découvre alors la
figure d'un mal
plus grand

on se doit dès lors
de ne porter ses yeux
que sur la beauté et
de n'écouter que ce
qui élève

vendredi 19 février 2016

Transcender























Sous l'éclat incertain
d'une prière exaucée
mais si vite à l'écart

on est comme plongé
dans l'eau jusqu'à
la bouche

il ne reste qu'à
s'élever l'esprit
ou s'enlacer
sans réponse

déployer à l'envi
le doute et savoir
que peindre son
visage à l'infini
n'aide pas à
comprendre


jeudi 18 février 2016

Des Plans




















Les parcelles inquiètes
comme des élans retenus
des passages à vide
c'est toujours saisissant

à l'image d'une obsession
le reste du temps comment
savoir ?

ce temps parsemé de
marches en mode
automatique

pour éloigner
l’effondrement
qui s’est éloigné
en effet

à mesure que les
arrondissements
deviennent cartes

l’élégance
méticuleuse
de ta présence
devient l’essence
du voyage




mercredi 17 février 2016

Lapse






















Le cœur que l'on vénère
nous fait voir une ombre
qui s'accroît toujours plus

la mort commune à tous
ni plus ni moins

dévêtus et même écorchés
nous vivons pourtant
si fort dans le souvenir
commun

aux confins de la
débauche ou dans
une forêt de plaintes

les caresses ou les
démons les plus durs

comme assister à
son absence se dérober
à la présence du pire

comme la cime qui affleure
à la conscience

vraie cicatrice à l’endroit
le plus sain celui que l’on
franchit

pour un seuil le choix final
de son inexistence
mais la perte ne
m’affleure plus






mardi 16 février 2016

Pater Noster





















En repensant à ses mots
où je pensais trouver
l'amorce d'une réponse
je découvre autre chose
de ses jours - tous les maux
qui s'érigent - assassins
agresseurs destructeurs -
ne sont que vains repentirs
ils ne font que crier leur
mépris - à l'image d'une
fraude qui rend méfiant
jusqu'au bout -
"à jamais toutes les
trahisons" -
il faut pourtant aller
plus loin
par l'effet des eaux
roche effondrée
mais vivante -
aux flots de sang
revenir - contre
les prochains qui
usent de violence

lundi 15 février 2016

Dévolus





















Ton juste désir
me capture
et l'esprit et le corps

c'est l'éternel brasier
ma ville inconsolée
que tu visites

tu murmures tout bas
les yeux baissés
"Ne fais plus l'erreur
de la tourmente"

au prix de l’
effondrement
du fort intérieur

de décharges
qui traversent
et d’obstacles
qui disparaissent

nos gestes s’
amoncellent
et rien ne
s’interpose






vendredi 12 février 2016

Traversée
















A ce beau
semblant que
j'ai perdu
depuis longtemps

ce fut pour des
mots qui prennent
fin comme on
prend feu

et donc ne jamais
reprendre la parole

plutôt asséner la
perte et comprendre
ce qu'il advient
après la défaillance

la mort en pâture
son visage pourtant
s'apaise

traversant ombres
et tempêtes pour
enfin retourner
au creux de tes
reins

jeudi 11 février 2016

Chemin






















Le fil acéré des
renoncements
protège un temps
du chagrin
même s'il finit toujours
par céder

et que les jours néfastes
sont toujours tapis
sous le soulagement
provisoire

il y a tant de choses
qui essaient de nous
tuer

cela jette une ombre blême
sur tout ou
cela brise les peurs
les plus enfouies

nos corps éparpillés
que l'on répare
sans cesse

et les silences des
réveils nocturnes
dans lesquels on traque
une éternité

manière de ne jamais
s'éloigner du chemin

mercredi 10 février 2016

Séjour des Peines





















Au sein de ce mystère
de son langage confus
la vie s'écoule
sans blâme mais
avec force

et nous condamne à
revenir au courage
ce puissant désir
de poursuivre

derrière soi une si
longue file de cadavres
devant soi une foule
parfois si indigne

comme tombe l'hiver
sur les hommes entremêlés
dans l'attente et
frémissant de douleur

on peut porter en signe
de victoire cet esprit
qui perce la mort
et marcher vers ces lieux
où plus rien ne brille

mardi 9 février 2016

Assauts

















Mes yeux s'arrêtent
sur les étages dont
les vitres renvoient
l'image d'un soleil brisé

la ville que le soir
assombrit déjà

reste pourtant devant
moi le jour qui se tait
comme s'il ressentait
les assauts de la peur

le temps qu’il fait
de la rancune à
ce pardon pétri
de lumière

on s’y abrite
on pense à cette
scène d’une enfance
impossible à regretter

je vois un chat
qui derrière sa
fenêtre se secoue
vigoureusement

on ne pose plus
la question de l’
usure on en fait
le symptôme
de l’instant

le corps dans
lequel on loge
se fait plus
doux 

lundi 8 février 2016

Alliance






















Puisse mon ombre
te poursuivre
ne plus être la
proie d'un récit
douloureux

jusqu'au dernier lambeau
renoncer à la perte
ne plus concentrer en
un jour la naissance
et la mort

et s'arracher l'aveu 
de la blessure

prononcer le
"je vous aime"
dans la nuit profonde
de son ivresse

c'est une fureur
presque un délire
qui peut tuer net
détraquer la machine

ou bien la relancer
et faire oublier les
fatigues essuyées

vendredi 5 février 2016

Paul Celan



















L'hiver finira
le coeur n'aura pas
flanché et comme
"une flamme entoure
toujours une flamme"
tout finira par renaître

le vert retour donnera
à la ville son idéal aspect
Paris redeviendra une
caresse

les méandres de son
drame ne seront plus
visibles

et le tort initial noyé
dans la Seine
la plus belle gardienne
pour Celan

gît au fond des eaux
ses lasses visions
déjà l'époque de la
négation

jeudi 4 février 2016

Armide
















Un ciel à part
qui ressemble à
une mort imprévue
alors que l'on pensait
débauche loin
de l'affreuse catastrophe

toujours des meurtres
et des dérèglements
toujours ces coupables
égarements

alors que mon âme
que je pense comme
une histoire se réveille
au milieu de la raison

après avoir vécu dans
les flammes
il demeure l'attrait
sacré de celle que
j'aime et qui réunit en
elle tout l'univers

éloignant les traits
assassins de ce
monde défiguré

elle est la substance
aérienne de ma
survie et le
seul incendie
encore valable
que je n'éteindrai
jamais

mercredi 3 février 2016

Méandres





















Ces brumes peuvent
bien ressembler au deuil
elles disent toujours
autre chose
elles parlent toujours
d’un autre lieu

viens sur mon cœur
voyage dans mon sang
et tu verras ces rives
en hécatombe
tu goûteras la saveur
du retour
tu connaîtras cette
épreuve sans remords
les différents aspects
de toutes ces illusions
les évangiles toxiques

un son des origines
qui se perd dans les
volutes presque
atlantiques

mardi 2 février 2016

Ton Espace





















S'il se trouve encore
des vides à convertir
sans l'espoir de la fuite
ce doux mal au
plein pouvoir

il y a toujours l'oubli
que l'on cherche en
cadavres et ce
profond reflet

tout ce bruit que
l'on fait ces cris
prolongés au
rythme d'une course
brutale

l'espace nacré de ton
existence qui bannit
les sombres mots
et les douleurs
trop ancrées

lundi 1 février 2016

Un Temps Suspendu





















Et nous désormais
nous sommes cette
énergie singulière
une opération
résurrection

on se relève de
tout sauf des ondes
mauvaises que l’on
perçoit sans
pouvoir les
condamner

et nous désormais
nous sommes cette
incarnation un corps
unique parfois

une relation si
étroite et puis aussi
des aspects divers
que nos mains
retiennent

d’une certaine
manière on est
un drôle de
carambolage
une carte blanche